L'irrépressible pression technologique et marchande qui s’exerce aujourd'hui sur la société et les univers « barbares », c'est-à-dire payens, révolutionnaires, qui les accompagnent, ceux de la science-fiction, américaine, qui mêlent puissance, surhumains, superpouvoirs, violence, transforment sans faire de bruit nos sociétés modernes, nos relations sociales, notre organisation, notre culture et même notre relation à l'identité. Et demain infiniment plus encore qu'aujourd'hui. Cette évolution sociale entrera nécessairement en conflit radical avec l’éthique des grandes religions monothéistes, chrétienne, même protestante, juive également ou musulmane. Le surhomme qui se veut l'égal de dieu ne peut que lui déplaire. Par exemple, si l’immortalité est technologiquement programmée, comme le disent certains scientifiques respectables, en cours de planification, que deviendraient alors les notions de vie après la mort, de Paradis ou d’enfer ? Comment réagiraient ces religions historiques? Comment réagiraient les peuples, incapables de résister à la pression de pulsions incroyablement puissantes qui sont à l’œuvre, l’espoir de devenir des surpuissants dans de nombreux domaines,rester jeune et longtemps? Comment réagiraient les pouvoirs économiques qui voient eux aussi dans ces évolutions des sources d'enrichissement, de commerce, de profits également presque infinis? Les sociétés pourraient, par exemple, être conduites à choisir, à se « sélectionner » une religion plus conciliante à l’endroit du nouveau dieu technologique. Et quand on regarde l'histoire, c’est même l’habitude des peuples et des sociétés que de faire ainsi. Par exemple, c'est ainsi, par intérêt – couplé à la menace -, qu'à la fin de l'antiquité, les pays scandinaves, abandonnant leur religion antique, païenne, choisirent d'opter pour le christianisme, pour commercer avec l’occident chrétien, c'est ainsi que Clovis aussi se fit chrétien, par désir d’empire, et que l’empire romain, avant lui, avait choisi une jeune secte très militante dont étaient membres les premiers chrétiens, pour en faire une religion d’Etat au détriment des anciennes pratiques païennes devenues inutiles, que plus tard les peuples européens de culture germanique vont s'approprier le protestantisme, etc. Les peuples montrent dans l'histoire qu'ils ne savent pas resister à leurs désirs de puissance. Alors le scénario qui consisterait à voir une fraction majoritaire des peuples se choisir demain une techno-religion, techno-compatible, y compris d'avec ses applications les plus folles orientées vers la surhumanité et l'immortalité, celles portées par la science-fiction, est probable, peut-être certaine. Il existe d'ailleurs déjà des candidats. Par exemple,la Scientologie deviendra-t-elle cette future religion dominante ? D'autres candidats surviendront peut-être, peut-être même issus des religions monothéistes comme le protestantisme. Dans le nouveau monde que nous promet la science-fiction américaine, il n'y aura pas que des téléphones portables ou des fusées à grande vitesse, une vie plus longue, les relations sociales seront changées, il y aura aussi l'émergence de nouvelles spiritualités. Aucun grand récit de Science-fiction ne parle du dieu chrétien, mais beaucoup parlent de spiritualité, même si elles sont rarement développées. Car cette science-fiction omniprésente aujourd'hui à la télévision et dans les salles de cinéma, que tous les Français absorbent, goulument, avec leurs enfants, n'a pas prévu de place pour le christianisme ou le judaisme. Accepter le téléphone portable, c'est participer, être coresponsable de cette révolution en cours et de cette société à venir qui a été imaginée par des auteurs américains. A vous de choisir! Mais n'oubliez pas, l'un n'ira pas sans l'autre. Avertissement : pour couper court à toute polémique, car le terrain est plus gouverné par l'émotion, les peurs des uns ou les espoirs des autres, (ce qui n'est pas sans rappeler le débat que suscita le film "Et Dieu créa la femme" quand il sortit sur les écrans), que par l'analyse, souvent l'émotion de personnes qui n'ont d'ailleurs pas lu le livre, l'auteur n'est pas scientologue, ne l'a jamais été, est athée et cherche,rationnellement, à comprendre les codes d'une révolution sociale en cours et à laquelle personne ne s'intéresse vraiment, celle portée par la vision technologique américaine, sous-tendue par l'idéologique de la science-fiction américaine, à créer le débat, par la connaissance. La Scientologie n'est pas un phénomêne social isolé du monde américain dont elle est issue, comprendre sa dynamique, c'est comprendre la profondeur de ses racines et l'histoire à venir dans laquelle elle s'inscrit, que cela plaise ou pas. Si un historien avait écrit au XVIe siècle que le protestantisme allait s'étendre à toute une partie de l'Europe du Nord, fallait-il qu'il soit protestant pour l'écrire?